Les biais cognitifs, les facteurs non techniques. C’est super à la mode ! Mais rien que les termes, je trouve ça rébarbatif. Pourtant, la plupart des accidents trouvent leurs origines dans des erreurs humaines, souvent inconscientes.
Alors je vais faire une série d’articles courts pour mettre en avant certaines de ces erreurs et tenter de les expliquer. Je vais essayer de rester simple et de préférer les exemples aux définitions.
Et pour premier article, je vais me servir de l’article de Iann McCammon. Un de ses amis est mort dans une avalanche alors qu’il avait tous les moyens à priori d’éviter ce tragique accident.
Pourquoi ?
Eh bien lui (Ian McCammon) a relevé 6 pièges inconscients qui peuvent mener à l’erreur fatale. 6 pièges de l’inconscient. 6 pièges « heuristiques ».
Vous verrez que ce petit article va probablement vous permettre de réfléchir autrement la prochaine fois que vous vous trouverez dans une situation à risque. Vous vous poserez probablement les questions autrement.
Les 6 pièges de l’inconscient et la manière de les contourner
Dans cet article, je vais reprendre les 6 pièges évoqués par Iann McCammon et les transposer à notre activité.
L’habitude
Le piège
On parle des habitudes de vols. Vous volez sur un site connu, dans des conditions que vous connaissez, avec votre matériel habituel.
Donc pour vous, tous les voyants sont au vert ! suffisamment pour que vous ne vous preniez pas le temps d’analyser pus que ça les conditions du jour. Ces habitudes vont endormir votre vigilance. Au décollage, mais aussi en l’air.
Parce que par le passé dans ces conditions tout s’est bien passé, on se dit qu’il n’y a pas de raison que ça soit différent aujourd’hui.
Autre travers des habitudes, on a tendance à prendre plus de risque qu’en terrain inconnu.
La petite histoire qui illustre le piège
Il y a quelques années, je faisais des biplaces (baptêmes) en hiver. Et cette année-là, davantage que les autres années, nous avions des bancs de nuages en vallée. Vers 10 h 00 ils se déchiraient lentement. Et le soir vers 16 h 00 ils revenaient… tout aussi lentement.
Nous avions fait une belle journée de vol. Les baptêmes s’enchaînaient avec une facilité déconcertante. Vent de face, les clients à l’heure… Bref, pas le moindre bout de stress.
A 15 h 30, alors que nous remontions dans les bennes, nous avons vu que la couche nuageuse revenait vers la zone d’atterrissage… Comme les jours précédents.
Une petite particularité du vol de Samoëns, c’est qu’on ne voit pas l’atterrissage. Mais devant nous, il y avait encore de larges ouvertures en milieu de vallée.
Donc tous les voyants étaient au vert. On a décollé !
Une ou deux minutes après avoir décollé, on a visuel sur l’atterrissage. Et là on a eu un petit moment de doute… L’atterrissage commençait à être recouvert.
Rapide calcul : 8 minutes pour descendre, ça ne passera pas. On oublie l’atterrissage officiel. Maintenant, on va faire la course pour aller au fond de vallée plus vite que les nuages.
On s’est posé plusieurs kilomètres derrière l’atterrissage officiel. Sans stress sans bobo. Mais ce jour-là, j’ai manqué de réflexion. Il suffisait d’appeler en bas pour savoir. On était 4 pilotes… On a tous fait la même connerie ! Par habitude.
Solution
Prendre systématiquement le temps de checker chaque point pouvant mettre en danger le pilote ou tout autre personne. Et prendre le temps d’analyser avant même d’ouvrir son aile. Continuer à analyser les conditions pendant votre vol et accepter, si les conditions changent, de modifier votre plan de vol habituel.
L’obstination
Le piège
Lorsqu’un groupe, ou même un individu part avec une idée bien définie de ses objectifs, il est plus difficile de l’abandonner que lorsqu’on part sans idée précise.
Le cerveau va, inconsciemment, faire en sorte que toutes les idées qui suivent soient cohérentes pour atteindre cet objectif. Il apportera plus d’importance à l’objectif qu’au risques alentours.
C’est tout à fait inconscient ! Mais c’est bel et bien un travers du fonctionnement de notre cerveau. Nous fonctionnons comme ça principalement pour gagner du temps lors de nos prises de décision.
La petite histoire qui illustre le piège
Un ami, Pierre, voulait faire des 360° asymétriques. Il en avait fait au-dessus du sol. Plein ! Mais l’amplitude ne lui paraissait pas satisfaisante. Il continuait, mais au-dessus du sol, il ne voulait pas envoyer plus fort.
Un jour nous étions un petit groupe à St Vincent. Et lors d’un vol en fin de matinée, il s’est mis sur le lac et il a décidé d’envoyer « comme un porc » !
C’est vrai que ses 36° étaient bien plus asymétriques que ceux qu’il faisait au-dessus du sol. Franchement !
Il était tellement concentré sur ses asymétriques qu’il en a oublié de regarder la distance avec le sol.
Si bien que quand il a regardé, ça lui a fait peur et il est sorti en chandelle de la mort ! Il savait qua ça allait shooter très fort, alors il a eu le mauvais réflexe de freiner trop tôt et l’aile est d’abord partie en décrochage asymétrique, puis en cascade d’incidents.
Il n’a pas eu le temps de tirer le secours et a fini saint et sauf au milieu de l’eau. Très vite il a été empêtré dans les suspentes.
Heureusement, un moussebag ça flotte et je sais nager. J’ai été le chercher et je l’ai ramené au bord du lac.
Pierre savait qu’au cours de cette semaine, il allait reprendre ses essais de 360° asymétriques. Mais plus fort, puisque c’était au-dessus du lac. Obnubilé par sa réussite, il en a oublié les règles élémentaires de sécurité.
Solution
On a tous un but quand on part faire un vol. Mais il ne faut pas que notre but nous aveugle. Il faut savoir régulièrement mettre l’objectif de côté pour réfléchir à la situation d’ensemble de notre vol.
Le simple fait de savoir que vouloir atteindre notre but peut nous mettre en danger est souvent suffisant pour que la vigilance revienne.
Le désir de séduction
Alors on connait tous « l’envie de séduction entre personnes de sexe différent ». C’est d’ailleurs une des raisons qui pousse les hommes plutôt jeunes à prendre davantage de risques que les hommes plus âgés ou que les femmes.
Mais il y a aussi l’envie de plaire à quelqu’un qu’on apprécie ou que l’on respecte. Et dans un groupe de personnes participants à une même sortie, on apprécie en général plusieurs personnes (il est rare de faire une sortie avec des gens qui nous laissent indifférents).
Les risques que l’on prend dans cette situation ne sont pas complètement inconscients. Quelque part on sait pourquoi nous prenons plus de risques. Mais il est difficile d’aller contre cette prise de risque.
La petite histoire qui illustre le piège
J’ai dirigé l’école des Choucas à Mieussy de 2000 à 2022. Et nous avons eu, durant cette période de plus de 20 ans, pas mal d’élèves moniteurs.
Nous avons toujours mis l’accent sur la partie « enseignement » du métier. Mais nous avions aussi des baptêmes à faire. Michel venait d’arriver, une semaine plus tôt dans l’école. Sans méchanceté aucune, c’était un pilote, mais pas un bon pilote. Je ne dis pas ça pour le rabaisser, mais parce que je me méfiais. Je l’attendais au pire. Mais pas à ça quand-même !
C’était un WE et nous avions 10 personnes en journée découverte. Vous savez ? Pente école le matin et baptême l’après-midi. Et nous étions (grand luxe) 3 moniteurs BE et un élève moniteur.
La pente école s’était bien passée. Et après le repas de midi, nous sommes montés au décollage de Pertuiset. J’avais déjà briefé Michel avant de monter. Je lui avais dit de ne faire qu’un seul biplace, et de se poser en bas. Tandis que nous 3, enchaînions 3 biplaces chacun en reposant au décollage.
Je me suis mis en l’air rapidement. J’avais demandé à Tom, un des 3 BE de regarder discrètement Michel. Je me disais que ça lui mettrait moins la pression si je ne le regardais pas.
Donc j’ai été faire mon petit tour sur Mieussy. Un petit plein sur Rovagne (pour ceux qui connaissent) et retour. Alors que j’arrivais au-dessus du décollage, Michel était toujours en l’air.
Je fais mon approche pour me reposer… Et Tom m’annonce à la radio que Michel est au sol et qu’il ne voit personne bouger. Il est à quelques dizaines de mètres du déco, mais pas visible depuis mon emplacement.
Je cours vers eux. Ils sont conscients, mais n’ont quasiment pas bougés. La passagère se relève. Elle était psychologiquement choquée, mais ne présentait aucun problème physique. Rapidement, Tom me rejoint et nous demandons à Michel s’il a mal quelque part… Eh oui ! Le dos. On ne réfléchit pas plus que ça… On demande l’hélico.
Michel a eu un petit tassement lombaire. La passagère n’avait rien (on l’a quand-même amenée aux urgences pour faire un check).
Que s’est-il passé ? Michel a voulu reposer au déco. Pour nous montrer qu’il était à la hauteur, que je pouvais compter sur lui, que je l’intègre plus dans l’équipe.
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur cet accident. Mais l’une d’entre elle c’est que Michel a préféré faire une repose au déco que de faire le vol que je lui avais demandé. Et certainement pour plaire à cette nouvelle équipe qu’il voulait intégrer absolument.
Solution
Comme je l’ai dit plus haut, on sait, on sent quand on prend des risques pour plaire à quelqu’un. Il faut être à l’écoute de ce sentiment de « vouloir plaire » et se raisonner. Se demander si « le jeu en vaut la chandelle ».
L’aura du leader
Dans un groupe, il y a pour ainsi dire toujours un « leader » qui se détache du groupe. Celui qui a la plus grande expérience. Ou celui qui est le plus dynamique ou le plus sportif. Ou l’initiateur de la sortie.
Pourtant, à moins qu’il ne soit un leader désigné par avance (par exemple un moniteur bénévole ou professionnel organisateur officiel d’une sortie), il n’a aucune légitimité dans ce rôle.
Par « orgueil », par « prestige », par « habitude », le leader accepte ce rôle. Et par facilité, le groupe accepte ce rôle.
Et les membres du groupe ont tendance à lui attribuer des compétences qu’il n’a peut-être pas. Ou qu’il ne maîtrise pas autant qu’on pourrait le penser.
L’effet de groupe, qui suit le leader est un piège à éviter ! On a déjà vu des troupeaux de moutons sauter d’une falaise en suivant le premier 😉.
La petite histoire qui illustre le piège
Tom vole depuis longtemps. Très longtemps, plus de 25 ans et très souvent, plusieurs vols par semaines.
Peu avare de conseils, il est souvent entouré de pilotes moins forts, moins fins, moins biens équipés. Et ils partagent des vols sur site.
Mais ce week-end, Tom a décidé d’organiser un vol à l’aiguille du Midi. Les conditions sont optimales. Beau temps, léger Sud, l’arrête est équipée. Tous les voyants sont au vert.
Et donc, rendez-vous est pris, avec piolets et crampons au télécabine de l’aiguille. Un peu plus d’une heure plus tard, tout le petit monde est à la sortie de la grotte de glace et s’équipe. Ils descendent prudemment en deux cordées de 3 pilotes chacune… Le paysage est merveilleux.
Dans le groupe, une pilote « L » vole depuis longtemps, mais elle a un niveau bien en-dessous du groupe. Tom s’occupe donc davantage d’elle.
Au décollage Sud (un décollage de neige, mais accueillant) Tom brief tout le monde sur le plan de vol. L’idée étant de suivre les faces Sud des aiguilles de Chamonix et de basculer vers Chamonix.
Tout le monde prépare son aile. Et Tom contrôle et aide chaque pilote pour le décollage.
Mais lorsque c’est au tour de « L » de décoller, la pression monte d’un cran. Elle demande bien qu’on contrôle son aile. Puis de répéter le plan de vol…
Et elle y va !
Elle suit le petit train des ailes qui se trouvent devant elle. Puis sans raison apparente, elle se laisse décaler vers la droite, elle s’éloigne de la trajectoire la plus courte.
Si bien qu’au bout de dix minutes, elle ne peut plus passer par-dessus les aiguilles et elle improvise un atterrissage au milieu de la mer de glace.
Deux chances pour elle :
- La plupart des crevasses sont recouvertes par la neige de l’hiver
- Un guide qui rentrait vers le Montenvers a suivi toute son évolution et l’a assurée jusqu’au retour au train
Elle ne voulait pas y aller et elle n’avait pas tort. Elle n’a pas osé dire non. Ni quand Tom lui a proposer la sortie, ni en bas de l’aiguille, ni au décollage. Pourtant elle avait la pression depuis le début. Elle a suivi aveuglément Tom.
Solution
Chaque membre du groupe est un individu doté de la même intelligence que les autres. Et lorsque le groupe cours un danger, il n’y a pas à hésiter. Chaque individu a le devoir d’exprimer ses sentiments.
Bien souvent lorsqu’une personne s’exprime, d’autres lui donnent soudainement raison.
Dans le doute, il est souvent préférable de se fier à l’avis du groupe plutôt qu’à celui du leader.
La petite histoire qui illustre le piège
Julien a appris le parapente en juillet 2005. Il a fait un stage d’initiation. Très vite après il a acheté une aile et a continué à voler. D’abord avec l’école, puis sur le même site. A la fin de l’été, nous avions du un peu le calmer. Il envoyait des wings mal cadencés ou des 360° avec des sorties pas très propres.
On a repris ça ensemble et tout est rentré dans l’ordre.
Au printemps, il a rejoint un club. Ils étaient quelques jeunes et rapidement ils se sont organisés pour voler ensemble. Julien était le dernier arrivé dans ce petit groupe.
Et tout le printemps il a suivi ses potes et découvert des sites et puis les premiers longs vols et enfin les premiers cross.
Un soir, au début de l’automne, ils ont décidé d’aller faire du soaring sur un site et de finir en BBQ et nuit sous tente au décollage. Une belle soirée en perspective.
C’est ce jour-là que Julien a décidé de faire des wings over près du sol. Pendant un très long moment, tout s’est bien passé. Il décollait, montait, faisait quelques wings et se reposait. De son propre aveu, il était fier de ses nouvelles aptitudes. Ses amis lui disaient qu’ils étaient trop classes ses wings.
Puis un moment, il a envoyé un peu plus fort. Il a mal calculé la tangente avec le sol et ça a tapé fort. Très fort.
Je ne vais pas rentrer dans les détails de l’accident. Mais lorsque nous en avons parlé, il m’a avoué qu’il était tout euphorique du fait d’arriver enfin à voler comme les autres… du groupe.
Solution
Il y a beaucoup de manières de progresser socialement dans un groupe. Et objectivement, prendre des risques est probablement une des moins efficace. Il suffit de se rappeler de ça…
Organiser la sortie, aider les camarades, rassurer… C’est certainement plus efficace.
La sensation de rareté
On a tendance à donner plus de valeur à une situation qui ne se reproduira pas ou très rarement. Plus un moment est rare, plus on est capable de prendre des risques pour y accéder.
Combien de personnes sont prêtes à prendre des risques pour un vol de nuit, rare parce qu’interdit. Ou combien de personnes « engagent » plus pour accéder à un vol extrêmement rare ?
Nous sentons quand nous prenons ces risques. Mais l’envie est difficile à combattre !
La petite histoire qui illustre le piège
Mon ami Thierry est un vieux pilote. Pas vieux dans le sens « grabataire », mais il vole depuis très longtemps et n’a jamais eu d’accidents.
Le mercredi 26 juin 2019, il était à Chamonix et s’est mis en l’air avec tous ces pilotes qui n’avaient qu’une idée en tête… Survoler et se poser au Mont Blanc.
Il n’était pas parti pour ça. Mais il a suivi le groupe. Les conditions étaient idéales.
Une fois à l’arrête du Brouillard, il a vu les sommets lentement passer sous ses pieds. Le Mont Blanc était là, juste en-dessous.
Il a fait une approche approximative, mais qui s’est très bien terminée… Il était au sommet du Mont Blanc avec 150 autres pilotes.
Très vite il s’est rendu compte qu’il n’avait rien à faire là et il a redécollé pour rejoindre gentiment la vallée.
C’est ce sentiment de rareté (et l’effet de groupe) qui l’ont poussé à prendre des risques qu’il ne pensait pas prendre.
Solution
C’est probablement un des six pièges le plus difficile à déjouer. Nous savons lorsque nous prenons ces risques. Nous en sommes souvent pleinement conscients. L’adrénaline coule dans les veines, le cœur bat plus vite…
Le seul moyen de se raisonner, c’est d’essayer de mesurer le ratio bénéfice/risque.
En conclusion
Pour diminuer les risques que nous fait prendre notre inconscient, nous devons d’abord apprendre à les reconnaître. Le simple fait de savoir que notre inconscient nous joue des tours est une arme contre les pièges heuristiques.
Mais ce n’est pas suffisant ! Nous continuerons à prendre des risques, puisqu’ils sont « inconscients ». Il est importat d’essayer de reconnaître les situations à risque dans leur ensemble.
Nous devons nous poser les questions suivantes :
Quel est le degré de risque auquel je m’expose ? Et pour quelles raisons ?
Toutes les histoires sont vraies. J’ai toutefois changé les prénoms et quelques détails pour l’anonymat des pilotes concernés.
Définition de heuristique en psychologie :
Le terme heuristique désigne un raccourci de la pensée pris pour simplifier une tâche cognitive trop complexe. Dans cette analyse, ce phénomène conduit à des comportements qui ne s’appuient pas sur un raisonnement rationnel, ni sur une analyse détaillée ou exhaustive.
Elle ne garantit pas non plus des résultats parfaits ou optimaux. C’est plutôt un raccourci mental, dont le résultat est suffisant pour vous guider rapidement.
13 Commentaires
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Les biais cognitifs, les facteurs non techniques. C’est super à la mode ! Mais rien que les termes, je trouve ça rébarbatif. Pourtant, la plupart des accidents trouvent leurs origines dans des erreurs humaines, souvent inconscientes.
Alors je vais faire une série d’articles courts pour mettre en avant certaines de ces erreurs et tenter de les expliquer. Je vais essayer de rester simple et de préférer les exemples aux définitions.
Et pour premier article, je vais me servir de l’article de Iann McCammon. Un de ses amis est mort dans une avalanche alors qu’il avait tous les moyens à priori d’éviter ce tragique accident.
Pourquoi ?
Eh bien lui (Ian McCammon) a relevé 6 pièges inconscients qui peuvent mener à l’erreur fatale. 6 pièges de l’inconscient. 6 pièges « heuristiques ».
Vous verrez que ce petit article va probablement vous permettre de réfléchir autrement la prochaine fois que vous vous trouverez dans une situation à risque. Vous vous poserez probablement les questions autrement.
Les 6 pièges et la manière de les contourner
Dans cet article, je vais reprendre les 6 pièges évoqués par Iann McCammon et les transposer à notre activité.
L’habitude
Le piège
On parle des habitudes de vols. Vous volez sur un site connu, dans des conditions que vous connaissez, avec votre matériel habituel.
Donc pour vous, tous les voyants sont au vert ! suffisamment pour que vous ne vous preniez pas le temps d’analyser pus que ça les conditions du jour. Ces habitudes vont endormir votre vigilance. Au décollage, mais aussi en l’air.
Parce que par le passé dans ces conditions tout s’est bien passé, on se dit qu’il n’y a pas de raison que ça soit différent aujourd’hui.
Autre travers des habitudes, on a tendance à prendre plus de risque qu’en terrain inconnu.
La petite histoire qui illustre le piège
Il y a quelques années, je faisais des biplaces (baptêmes) en hiver. Et cette année-là, davantage que les autres années, nous avions des bancs de nuages en vallée. Vers 10 h 00 ils se déchiraient lentement. Et le soir vers 16 h 00 ils revenaient… tout aussi lentement.
Nous avions fait une belle journée de vol. Les baptêmes s’enchaînaient avec une facilité déconcertante. Vent de face, les clients à l’heure… Bref, pas le moindre bout de stress.
A 15 h 30, alors que nous remontions dans les bennes, nous avons vu que la couche nuageuse revenait vers la zone d’atterrissage… Comme les jours précédents.
Une petite particularité du vol de Samoëns, c’est qu’on ne voit pas l’atterrissage. Mais devant nous, il y avait encore de larges ouvertures en milieu de vallée.
Donc tous les voyants étaient au vert. On a décollé !
Une ou deux minutes après avoir décollé, on a visuel sur l’atterrissage. Et là on a eu un petit moment de doute… L’atterrissage commençait à être recouvert.
Rapide calcul : 8 minutes pour descendre, ça ne passera pas. On oublie l’atterrissage officiel. Maintenant, on va faire la course pour aller au fond de vallée plus vite que les nuages.
On s’est posé plusieurs kilomètres derrière l’atterrissage officiel. Sans stress sans bobo. Mais ce jour-là, j’ai manqué de réflexion. Il suffisait d’appeler en bas pour savoir. On était 4 pilotes… On a tous fait la même connerie ! Par habitude.
Solution
Prendre systématiquement le temps de checker chaque point pouvant mettre en danger le pilote ou tout autre personne. Et prendre le temps d’analyser avant même d’ouvrir son aile. Continuer à analyser les conditions pendant votre vol et accepter, si les conditions changent, de modifier votre plan de vol habituel.
L’obstination
Le piège
Lorsqu’un groupe, ou même un individu part avec une idée bien définie de ses objectifs, il est plus difficile de l’abandonner que lorsqu’on part sans idée précise.
Le cerveau va, inconsciemment, faire en sorte que toutes les idées qui suivent soient cohérentes pour atteindre cet objectif. Il apportera plus d’importance à l’objectif qu’au risques alentours.
C’est tout à fait inconscient ! Mais c’est bel et bien un travers du fonctionnement de notre cerveau. Nous fonctionnons comme ça principalement pour gagner du temps lors de nos prises de décision.
La petite histoire qui illustre le piège
Un ami, Pierre, voulait faire des 360° asymétriques. Il en avait fait au-dessus du sol. Plein ! Mais l’amplitude ne lui paraissait pas satisfaisante. Il continuait, mais au-dessus du sol, il ne voulait pas envoyer plus fort.
Un jour nous étions un petit groupe à St Vincent. Et lors d’un vol en fin de matinée, il s’est mis sur le lac et il a décidé d’envoyer « comme un porc » !
C’est vrai que ses 36° étaient bien plus asymétriques que ceux qu’il faisait au-dessus du sol. Franchement !
Il était tellement concentré sur ses asymétriques qu’il en a oublié de regarder la distance avec le sol.
Si bien que quand il a regardé, ça lui a fait peur et il est sorti en chandelle de la mort ! Il savait qua ça allait shooter très fort, alors il a eu le mauvais réflexe de freiner trop tôt et l’aile est d’abord partie en décrochage asymétrique, puis en cascade d’incidents.
Il n’a pas eu le temps de tirer le secours et a fini saint et sauf au milieu de l’eau. Très vite il a été empêtré dans les suspentes.
Heureusement, un moussebag ça flotte et je sais nager. J’ai été le chercher et je l’ai ramené au bord du lac.
Pierre savait qu’au cours de cette semaine, il allait reprendre ses essais de 360° asymétriques. Mais plus fort, puisque c’était au-dessus du lac. Obnubilé par sa réussite, il en a oublié les règles élémentaires de sécurité.
Solution
On a tous un but quand on part faire un vol. Mais il ne faut pas que notre but nous aveugle. Il faut savoir régulièrement mettre l’objectif de côté pour réfléchir à la situation d’ensemble de notre vol.
Le simple fait de savoir que vouloir atteindre notre but peut nous mettre en danger est souvent suffisant pour que la vigilance revienne.
Le désir de séduction
Alors on connait tous « l’envie de séduction entre personnes de sexe différent ». C’est d’ailleurs une des raisons qui pousse les hommes plutôt jeunes à prendre davantage de risques que les hommes plus âgés ou que les femmes.
Mais il y a aussi l’envie de plaire à quelqu’un qu’on apprécie ou que l’on respecte. Et dans un groupe de personnes participants à une même sortie, on apprécie en général plusieurs personnes (il est rare de faire une sortie avec des gens qui nous laissent indifférents).
Les risques que l’on prend dans cette situation ne sont pas complètement inconscients. Quelque part on sait pourquoi nous prenons plus de risques. Mais il est difficile d’aller contre cette prise de risque.
La petite histoire qui illustre le piège
J’ai dirigé l’école des Choucas à Mieussy de 2000 à 2022. Et nous avons eu, durant cette période de plus de 20 ans, pas mal d’élèves moniteurs.
Nous avons toujours mis l’accent sur la partie « enseignement » du métier. Mais nous avions aussi des baptêmes à faire. Michel venait d’arriver, une semaine plus tôt dans l’école. Sans méchanceté aucune, c’était un pilote, mais pas un bon pilote. Je ne dis pas ça pour le rabaisser, mais parce que je me méfiais. Je l’attendais au pire. Mais pas à ça quand-même !
C’était un WE et nous avions 10 personnes en journée découverte. Vous savez ? Pente école le matin et baptême l’après-midi. Et nous étions (grand luxe) 3 moniteurs BE et un élève moniteur.
La pente école s’était bien passée. Et après le repas de midi, nous sommes montés au décollage de Pertuiset. J’avais déjà briefé Michel avant de monter. Je lui avais dit de ne faire qu’un seul biplace, et de se poser en bas. Tandis que nous 3, enchaînions 3 biplaces chacun en reposant au décollage.
Je me suis mis en l’air rapidement. J’avais demandé à Tom, un des 3 BE de regarder discrètement Michel. Je me disais que ça lui mettrait moins la pression si je ne le regardais pas.
Donc j’ai été faire mon petit tour sur Mieussy. Un petit plein sur Rovagne (pour ceux qui connaissent) et retour. Alors que j’arrivais au-dessus du décollage, Michel était toujours en l’air.
Je fais mon approche pour me reposer… Et Tom m’annonce à la radio que Michel est au sol et qu’il ne voit personne bouger. Il est à quelques dizaines de mètres du déco, mais pas visible depuis mon emplacement.
Je cours vers eux. Ils sont conscients, mais n’ont quasiment pas bougés. La passagère se relève. Elle était psychologiquement choquée, mais ne présentait aucun problème physique. Rapidement, Tom me rejoint et nous demandons à Michel s’il a mal quelque part… Eh oui ! Le dos. On ne réfléchit pas plus que ça… On demande l’hélico.
Michel a eu un petit tassement lombaire. La passagère n’avait rien (on l’a quand-même amenée aux urgences pour faire un check).
Que s’est-il passé ? Michel a voulu reposer au déco. Pour nous montrer qu’il était à la hauteur, que je pouvais compter sur lui, que je l’intègre plus dans l’équipe.
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur cet accident. Mais l’une d’entre elle c’est que Michel a préféré faire une repose au déco que de faire le vol que je lui avait demandé. Et certainement pour plaire à cette nouvelle équipe qu’il voulait intégrer absolument.
Solution
Comme je l’ai dit plus haut, on sait, on sent quand on prend des risques pour plaire à quelqu’un. Il faut être à l’écoute de ce sentiment de « vouloir plaire » et se raisonner. Se demander si « le jeu en vaut la chandelle ».
L’aura du leader
Dans un groupe, il y a pour ainsi dire toujours un « leader » qui se détache du groupe. Celui qui a la plus grande expérience. Ou celui qui est le plus dynamique ou le plus sportif. Ou l’initiateur de la sortie.
Pourtant, à moins qu’il ne soit un leader désigné par avance (par exemple un moniteur bénévole ou professionnel organisateur officiel d’une sortie), il n’a aucune légitimité dans ce rôle.
Par « orgueil », par « prestige », par « habitude », le leader accepte ce rôle. Et par facilité, le groupe accepte ce rôle.
Et les membres du groupe ont tendance à lui attribuer des compétences qu’il n’a peut-être pas. Ou qu’il ne maîtrise pas autant qu’on pourrait le penser.
L’effet de groupe, qui suit le leader est un piège à éviter ! On a déjà vu des troupeaux de moutons sauter d’une falaise en suivant le premier 😉.
La petite histoire qui illustre le piège
Tom vole depuis longtemps. Très longtemps, plus de 25 ans et très souvent, plusieurs vols par semaines.
Peu avare de conseils, il est souvent entouré de pilotes moins forts, moins fins, moins biens équipés. Et ils partagent des vols sur site.
Mais ce week-end, Tom a décidé d’organiser un vol à l’aiguille du Midi. Les conditions sont optimales. Beau temps, léger Sud, l’arrête est équipée. Tous les voyants sont au vert.
Et donc, rendez-vous est pris, avec piolets et crampons au télécabine de l’aiguille. Un peu plus d’une heure plus tard, tout le petit monde est à la sortie de la grotte de glace et s’équipe. Ils descendent prudemment en deux cordées de 3 pilotes chacune… Le paysage est merveilleux.
Dans le groupe, une pilote « L » vole depuis longtemps, mais elle a un niveau bien en-dessous du groupe. Tom s’occupe donc davantage d’elle.
Au décollage Sud (un décollage de neige, mais accueillant) Tom brief tout le monde sur le plan de vol. L’idée étant de suivre les faces Sud des aiguilles de Chamonix et de basculer vers Chamonix.
Tout le monde prépare son aile. Et Tom contrôle et aide chaque pilote pour le décollage.
Mais lorsque c’est au tour de « L » de décoller, la pression monte d’un cran. Elle demande bien qu’on contrôle son aile. Puis de répéter le plan de vol…
Et elle y va !
Elle suit le petit train des ailes qui se trouvent devant elle. Puis sans raison apparente, elle se laisse décaler vers la droite, elle s’éloigne de la trajectoire la plus courte.
SI bien qu’au bout de dix minutes, elle ne peut plus passer par-dessus les aiguilles et elle improvise un atterrissage au milieu de la mer de glace.
Deux chances pour elle :
- La plupart des crevasses sont recouvertes par la neige de l’hiver
- Un guide qui rentrait vers le Montenvers a suivi toute son évolution et l’a assurée jusqu’au retour au train
Elle ne voulait pas y aller et elle n’avait pas tort. Elle n’a pas osé dire non. Ni quand Tom lui a proposer la sortie, ni en bas de l’aiguille, ni au décollage. Pourtant elle avait la pression depuis le début. Elle a suivi aveuglément Tom.
Solution
Chaque membre du groupe est un individu doté de la même intelligence que les autres. Et lorsque le groupe cours un danger, il n’y a pas à hésiter. Chaque individu a le devoir d’exprimer ses sentiments.
Bien souvent lorsqu’une personne s’exprime, d’autres lui donnent soudainement raison.
Dans le doute, il est souvent préférable de se fier à l’avis du groupe plutôt qu’à celui du leader.
La petite histoire qui illustre le piège
Julien a appris le parapente en juillet 2005. Il a fait un stage d’initiation. Très vite après il a acheté une aile et a continué à voler. D’abord avec l’école, puis sur le même site. A la fin de l’été, nous avions du un peu le calmer. Il envoyait des wings mal cadencés ou des 360° avec des sorties pas très propres.
On a repris ça ensemble et tout est rentré dans l’ordre.
Au printemps, il a rejoint un club. Ils étaient quelques jeunes et rapidement ils se sont organisés pour voler ensemble. Julien était le dernier arrivé dans ce petit groupe.
Et tout le printemps il a suivi ses potes et découvert des sites et puis les premiers longs vols et enfin les premiers cross.
Un soir, au début de l’automne, ils ont décidé d’aller faire du soaring sur un site et de finir en BBQ et nuit sous tente au décollage. Une belle soirée en perspective.
C’est ce jour-là que Julien a décidé de faire des wings over près du sol. Pendant un très long moment, tout s’est bien passé. Il décollait, montait, faisait quelques wings et se reposait. De son propre aveu, il était fier de ses nouvelles aptitudes. Ses amis lui disaient qu’ils étaient trop classes ses wings.
Puis un moment, il a envoyé un peu plus fort. Il a mal calculé la tangente avec le sol et ça a tapé fort. Très fort.
Je ne vais pas rentrer dans les détails de l’accident. Mais lorsque nous en avons parlé, il m’a avoué qu’il était tout euphorique du fait d’arriver enfin à voler comme les autres… du groupe.
Solution
Il y a beaucoup de manières de progresser socialement dans un groupe. Et objectivement, prendre des risques est probablement une des moins efficace. Il suffit de se rappeler de ça…
Organiser la sortie, aider les camarades, rassurer… C’est certainement plus efficace.
La sensation de rareté
On a tendance à donner plus de valeur à une situation qui ne se reproduira pas ou très rarement. Plus un moment est rare, plus on est capable de prendre des risques pour y accéder.
Combien de personnes sont prêtes à prendre des risques pour un vol de nuit, rare parce qu’interdit. Ou combien de personnes « engagent » plus pour accéder à un vol extrêmement rare ?
Nous sentons quand nous prenons ces risques. Mais l’envie est difficile à combattre !
La petite histoire qui illustre le piège
Mon ami Thierry est un vieux pilote. Pas vieux dans le sens « grabataire », mais il vole depuis très longtemps et n’a jamais eu d’accidents.
Le mercredi 26 juin 2019, il était à Chamonix et s’est mis en l’air avec tous ces pilotes qui n’avaient qu’une idée en tête… Survoler et se poser au Mont Blanc.
Il n’était pas parti pour ça. Mais il a suivi le groupe. Les conditions étaient idéales.
Une fois à l’arrête du Brouillard, il a vu les sommets lentement passer sous ses pieds. Le Mont Blanc était là, juste en-dessous.
Il a fait une approche approximative, mais qui s’est très bien terminée… Il était au sommet du Mont Blanc avec 150 autres pilotes.
Très vite il s’est rendu compte qu’il n’avait rien à faire là et il a redécollé pour rejoindre gentiment la vallée.
C’est ce sentiment de rareté (et l’effet de groupe) qui l’ont poussé à prendre des risques qu’il ne pensait pas prendre.
Solution
C’est probablement un des six pièges le plus difficile à déjouer. Nous savons lorsque nous prenons ces risques. Nous en sommes souvent pleinement conscients. L’adrénaline coule dans les veines, le cœur bat plus vite…
Le seul moyen de se raisonner, c’est d’essayer de mesurer le ratio bénéfice/risque.
En conclusion
Pour diminuer les risques que nous fait prendre notre inconscient, nous devons d’abord apprendre à les reconnaître. Le simple fait de savoir que notre inconscient nous joue des tours est une arme contre les pièges heuristiques.
Mais ce n’est pas suffisant ! Nous continuerons à prendre des risques, puisqu’ils sont « inconscients ». Il est importat d’essayer de reconnaître les situations à risque dans leur ensemble.
Nous devons nous poser les questions suivantes :
Quel est le degré de risque auquel je m’expose ? Et pour quelles raisons ?
Toutes les histoires sont vraies. J’ai toutefois changé les prénoms et quelques détails pour l’anonymat des pilotes concernés.
Définition de heuristique en psychologie :
Le terme heuristique désigne un raccourci de la pensée pris pour simplifier une tâche cognitive trop complexe. Dans cette analyse, ce phénomène conduit à des comportements qui ne s’appuient pas sur un raisonnement rationnel, ni sur une analyse détaillée ou exhaustive.
Elle ne garantit pas non plus des résultats parfaits ou optimaux. C’est plutôt un raccourci mental, dont le résultat est suffisant pour vous guider rapidement.
13 Commentaires
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Didier Theil sur 16 mai 2023 à 11 h 58 min
Super très bonne analyse merci
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Céline sur 16 mai 2023 à 21 h 13 min
Merci pour ce bon article qui va m’amener à plus de réflexions avant de voler !
Une remarque plus sur la forme, l’envie de séduire ne se fait pas qu’entre personnes de sexes différents. Et les parapentistes ne sont pas tous et toutes hétérosexuel.le.s 😉. -
Martial Le Bihan sur 16 mai 2023 à 21 h 16 min
Très bonne analyse. Même si dans le fond on en est conscient, le fait de le formaviser est une très bonne chose.
-
LAVAL LAURENT sur 17 mai 2023 à 10 h 55 min
Merci Laurent pour ces explications 😉
On peut aussi imaginer que ces différentes causes puissent se croiser çad qu’on peut avoir plusieurs causes en même temps … alors le risque augmente encore plus je pense …
Désir de séduire , aura du leader et positionnement social pourraient aussi faire partie d’un même chapitre intitulé » besoin de reconnaissance » ?
J’ai l’impression que la pratique solo ou biplace peuvent amener des risque différents ? -
Nom * sur 17 mai 2023 à 11 h 22 min
Bel article qui nous montre une fois de plus l’obstination que l’on peut avoir face à certaines situations qui nous dépassent.
Merci pour cette piqûre de rappel. « il vaut mieux regretter de ne pas voler que regretter d’être en l’air ».
Ça doit ressembler à ça!!! -
Max sur 21 mai 2023 à 11 h 17 min
N’oublions pas que « l’intérêt dans le risque est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin »
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jean-marc GALAN sur 21 mai 2023 à 19 h 02 min
super article dans le fond et la forme ! merci Laurent pour ce boulot.
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Jean-MarcTourrenc sur 28 juin 2023 à 21 h 50 min
Beau développement sur les pièges que notre cerveau peut nous jouer. Valable à tous les niveaux de pratique. En tant que débutant en progression, j’ai appris à renoncer parfois sur le site que je souhaite connaitre si j’ai le moindre doute…le piège est quand tu n’as pas de doute. Il faut apprendre à cultiver un » doute raisonnable »…pas si simple car il faut bien progresser…
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Michel ROUSSEAU sur 11 juillet 2024 à 22 h 44 min
Bonjour, merci pour cet article qui transpose super bien pour le parapente les travaux de McCammon, transposition inédite à ma connaissance. Ces pièges de l’inconscient ont été largement repris en alpinisme.
Là où je reste un peu sur ma faim, c’est que ces pièges se manifestent aussi en vol, et qu’il est alors très difficile voire impossible de se raisonner comme on peut le faire avant le déco.
Question, qu’est ce qu’on peut mettre en œuvre avant, pour limiter les conséquences d’une erreur inconsciente en l’air.
L’alpinisme a réfléchi à ça, ou au moins commence à le faire, et trouve des outils appropriés (CSV de Paulo Grobel par ex).
Y a-t-il des démarches comparables en parapente ?
Super très bonne analyse merci
Merci pour ce bon article qui va m’amener à plus de réflexions avant de voler !
Une remarque plus sur la forme, l’envie de séduire ne se fait pas qu’entre personnes de sexes différents. Et les parapentistes ne sont pas tous et toutes hétérosexuel.le.s 😉.
Très bonne analyse. Même si dans le fond on en est conscient, le fait de le formaviser est une très bonne chose.
Bonjour Céline
Tout à fait. Ce n’est pas un raccourcis. Jute une triste banalité de ma part et je m’en excuse.
Laurent
Merci Laurent pour ces explications 😉
On peut aussi imaginer que ces différentes causes puissent se croiser çad qu’on peut avoir plusieurs causes en même temps … alors le risque augmente encore plus je pense …
Désir de séduire , aura du leader et positionnement social pourraient aussi faire partie d’un même chapitre intitulé » besoin de reconnaissance » ?
J’ai l’impression que la pratique solo ou biplace peuvent amener des risque différents ?
Bel article qui nous montre une fois de plus l’obstination que l’on peut avoir face à certaines situations qui nous dépassent.
Merci pour cette piqûre de rappel. « il vaut mieux regretter de ne pas voler que regretter d’être en l’air ».
Ça doit ressembler à ça!!!
Bonjour
Tu as raison. Il faut litre l’article en lien. Le constat est que l’accident arrive lorsqu’au moins 2 ou 3 de ces causes sont réunies.
On peut voir des similitudes entre la reconnaissance sociale, l’envie de séduire et l’aura du leader… Ca doit être parce que je l’ai mal exprimé. Moi je vois certaines différences.
La reconnaissance sociale c’est envers un groupe alors que l’envie de plaire c’est envers un individu. Et l’aura du leader c’est plus « de la paresse mentale ». On ne se pose pas la question… On a pas forcément envie de lui plaire.
Quand aux risques solo ou biplace, oui il y a plusieurs facteurs qui vont faire que les risques diffèrent.
Merci pour le retour
Laurent
N’oublions pas que « l’intérêt dans le risque est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin »
super article dans le fond et la forme ! merci Laurent pour ce boulot.
Merci Jean-Marc
Le début d’une longue série j’espère !
Beau développement sur les pièges que notre cerveau peut nous jouer. Valable à tous les niveaux de pratique. En tant que débutant en progression, j’ai appris à renoncer parfois sur le site que je souhaite connaitre si j’ai le moindre doute…le piège est quand tu n’as pas de doute. Il faut apprendre à cultiver un » doute raisonnable »…pas si simple car il faut bien progresser…
Bonjour, merci pour cet article qui transpose super bien pour le parapente les travaux de McCammon, transposition inédite à ma connaissance. Ces pièges de l’inconscient ont été largement repris en alpinisme.
Là où je reste un peu sur ma faim, c’est que ces pièges se manifestent aussi en vol, et qu’il est alors très difficile voire impossible de se raisonner comme on peut le faire avant le déco.
Question, qu’est ce qu’on peut mettre en œuvre avant, pour limiter les conséquences d’une erreur inconsciente en l’air.
L’alpinisme a réfléchi à ça, ou au moins commence à le faire, et trouve des outils appropriés (CSV de Paulo Grobel par ex).
Y a-t-il des démarches comparables en parapente ?
Bonjour
Merci pour votre réponse
A part la les stages de préparation mentale, je ne connais pas de travail fait sur les pièges de l’inconscient en vol.
Ceci étant dit, le renoncement le plus difficile est souvent celui du décollage.
Normalement, une fois en l’air, les prises de décisions se font souvent en fonction de ce que l’on vit.