Approche en parapente : PTU et PTS
Un sujet traité dans tous les manuels de vol. Pourtant, il faut avouer que lorsqu’on passe un moment au bord d’un terrain un peu fréquenté, on comprend vite que la précision d’atterrissage, ce n’est pas le fort des parapentistes. Nos ancêtres, parachutistes de pente, qui travaillaient principalement la précision d’atterrissage auraient honte de nous ! A moins que…
A moins qu’on puisse expliquer cette lacune. Par les performances des ailes qui ont sensiblement augmenté. Par une méthode pédagogique qui est restée la même depuis les années 90. Par l’acceptation de se poser de manière “approximative”, …
Pourtant, tous les bons pilotes de parapente savent faire une approche avec précision en PTU, parfois dans des terrains microscopiques. C’est devenu un réflexe pour eux. Et c’est bien connu… Décortiquer un réflexe n’est pas simple. J’ai donc essayé d’analyser mon expérience de vol, mais aussi celle de moniteurs, de biplaceurs pour en tirer cet article qui je l’espère vous permettra d’aborder la PTU d’une autre manière.
Théorie vs pratique
La théorie, celle des livres, celle des tableaux blancs, celle que nous avons apprise lors de nos stages d’initiation, nous fait part de différents modes d’approches en parapente appelés Prises de Terrain ou « PT ». La lettre ou le chiffre qui suit n’est rien d’autre que la projection de l’évolution de la voile au sol. On retiendra principalement la PTS, la PT8, la PTL et la PTU.
Pour l’approche en PTU en parapente, on présente la phase vent arrière, plus ou moins éloignée du terrain selon qu’on se trouve haut ou bas. Parfois, un repère d’angle de 30° à 45° est donné. Puis on attaque l’étape de base, en prenant garde de ne pas passer trop loin derrière le terrain. Et au cas où nous serions trop haut, il nous restera toujours les S ou les 8 sur l’étape de base, en prenant bien garde d’utiliser toute la largeur du terrain, pour finaliser l’approche. Le final en palier n’étant alors plus qu’une formalité.
Rappelez-vous, alors que vous étiez jeunes volants, le temps qu’il vous a fallu pour être serein avec cette approche ? Certains n’y sont jamais arrivé.
C’est pour cette raison que nous nous sommes posé la question du « pourquoi » ?
La réponse est simple… Ceux qui y parviennent ne pratiquent pas de cette façon ! Nous n’appliquons pas la théorie. Ou plutôt, nous l’appliquons différemment. Avec d’autres repères.
La notion de porte d’entrée
C’est certainement la notion la plus importante. En ce qui me concerne, c’est cette porte d’entrée qui définit toute la construction de mon “U”. Mais qu’est-ce que “la porte d’entrée” ?
Pour beaucoup de pilotes, la porte d’entrée, se situe au début de la vent arrière. Mais c’est une erreur de calculer toute la PTU sur ce point.
Personnellement, j’utilise un point situé au croisement de la vent arrière et de l’étape de base. Il est plus facile d’estimer sa hauteur sol en regardant au loin. De plus, choisir ce point comme repère permet de facilement ajuster sa vent arrière. Si on est trop haut, on s’éloigne du terrain. Et si on est trop bas, on rentrera plus rapidement sur l’étape de base.
Comment bien placer sa porte d’entrée ?
Durant la perte d’altitude, on observera plusieurs facteurs.
Les obstacles sur le terrain vous feront choisir le côté de la vent arrière. On évitera de survoler les obstacles ou on choisira le côté où les obstacles sont les moins hauts. (Note : Pour rappel : lorsqu’on fait sa vent arrière avec le terrain sur la droite on dit “PTU main droite” et de même, si on fait la vent arrière à gauche, on dit “PTU main gauche”).
La largeur du terrain. Un terrain large permet une longue étape de base. Et donc la porte d’entrée pourra être plus haute. A l’inverse, si le terrain est étroit, on devra placer la porte d’entrée plus bas, afin d’éviter d’avoir à faire des “S” sur l’étape de base. (Note : Faire des “S” ou des “8” en entrée de terrain parce qu’on est trop haut n’a rien de grave. Mais l’éviter permet de ne pas faire de virages trop engagés près du sol).
La force de la brise. Une brise soutenue entrainera une vent arrière rapide avec peu de perte d’altitude et nécessitera un virage marqué en fin de vent arrière afin d’éviter de passer derrière le terrain.
En tenant compte de tous ces éléments, on placera le repère, notre porte d’entrée, contre l’étape de base ou un peu derrière, plutôt haute ou plutôt basse… L’objectif étant de n’avoir plus que l’étape de base à faire une fois la porte d’entrée atteinte.
Les impératifs et les interdits
Profitons-en pour revenir sur certains fondamentaux.
Par principe, et particulièrement sur les terrains fréquentés, on va aller repérer l’atterrissage, chercher les panneaux d’information. En général, si unen approche en PTU est imposée, ce n’est pas pour rien… C’est parce-que c’est celle qui convient le mieux au terrain.
Le regard ! Il est concentré tout au long de l’approche sur un point fixe (toujours le même) au centre du terrain, ou mieux, dans le premier tiers après la base du terrain.
On va faire sa perte d’altitude au vent du terrain. C’est pendant cette perte d’altitude qu’on préparera son approche. En regardant les autres voiles, le vent au sol, …
Lorsqu’on entre en vent arrière, on ne fait pas demi-tour. Remonter la vent arrière, c’est un peu comme rouler sur l’autoroute en sens inverse.
En étape de base, on ne tournera pas le dos au terrain. Perdre son terrain de vue, c’est réduire considérablement ses chances d’arriver dessus.
Que l’on soit trop haut, trop bas, trop long ou trop court, paniquer ne sert à rien. Il faut se raisonner en donnant la priorité au pilotage. Continuez à prendre des décisions.
Conclusion
En avion, comme en eparapente, la PTU est l’approche la plus sûre, pour autant qu’on utilise les bons repères et qu’on soit habitué à la pratiquer. Bien préparée, elle permet de se poser dans un terrain exigu , avec plusieurs pilotes qui posent en même temps. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est très répandue sur les sites fréquentés.
Malheureusement, de nombreux pilotes se sentent peu à l’aise avec cette approche et préfèrent rentrer haut en vent arrière pour finir en PTS. Pourtant, en observant les bons éléments et en changeant un peu ses repères, on peut réussir une belle PTU.
Alors remettez-vous au travail. La première fois vous serrez trop haut. La deuxième un peu trop bas et la troisième fois, vous serez sur la cible !
Enfin, la PTU est une approche qui se travaille, qui se débriefe mentalement ou avec ses amis pilotes. Chaque approche doit être une expérience de plus pour se rapprocher de l’excellence.
Laurent Van Hille – Parapente 360
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