Petite introduction
L’idée ici c’est de prévenir les parapentistes des risques liés au vent de foehn. Le foehn est un vent chaud et sec imprévisible. Il forcit à mesure qu’il avance. il avance en ondulant. On a déjà vu des parapentistes voler en soaring tranquillement dans 15 km/h de vent puis se faire reculer dans un vent rafaleux à plus de 30 ou 35 km/h.
Souvent ça passe. Souvent, les parapentistes ne savaient même pas qu’ils volaient sous régime de foehn. Cet article est là pour vous expliquer le phénomène, mais aussi pour que vous puissiez repérer les premiers signes de dangers.
Le foehn
Qu’est-ce que ce vent de foehn ?
Le nom « foehn » provient du mot suisse-allemand föhn qui provient lui-même du mot latin favonius qui signifie « vent doux ». Et il est vrai que le foehn est à la fois un vent chaud et sec. Il souffle sur le massif Alpins de l’automne au printemps. On peut donc comprendre qu’il était considéré comme un vent « doux » et agréable.
Ce vent trouve son origine dans la différence de pression qu’il y a de part et d’autre de l’Arc Alpin. Il suffit de 5 HPa d’écart entre Zurich et Milan, dans un sens ou dans l’autre. Ainsi si les pressions sont plus élevées sur le Sud des Alpes qu’au Nord des Alpes, un flux d’air se mettra en mouvement des hautes pressions vers les basses pressions… En passant par-dessus les montagnes, l’air se refroidi et forma un nuage dit orographique ou lenticulaire. C’est ce phénomène qui est appelé effet de foehn.
Le foehn est donc un vent de Sud et plus rarement de Nord, qui frappe une chaîne de montagne. Le plus connu étant l’Arc Alpin. Mais ça arrive (souvent avec d’autres noms) sur d’autres massifs montagneux. La tramontane, le mistral
L’effet de foehn
L’air, lorsqu’il est élevé en altitude se refroidi. Ici dans le cas de l’effet de foehn, c’est le relief qui le force à s’élever. Selon la quantité d’eau qu’il renferme, il va finir pas saturé en humidité. Donc des gouttelettes d’eau vont apparaître et un nuage sera visible. Ces gouttelettes se créeront au vent de la montagne, elles passeront par dessus et redescendront de l’autre côté. En redescendant, elles se réchaufferont pour finalement disparaître. Le nuage de foehn est donc un nuage qui se crée par ascension de la masse d’air. Il fait donc partie des cumulus. Et même s’il paraît immobile, il est en réalité en perpétuel mouvement.
Petit et grand effet de foehn
L’effet de foehn, c’est donc la création de ces nuages orographiques sur les reliefs. Autrement appelés lenticulaires.
Le petit effet de foehn, c’est lorsque l’élévation de la masse d’air au vent du relief ne provoque pas de précipitation. Autrement dit, que l’air est assez humide pour saturer en humidité et créer un nuage. Mais pas assez saturé pour qu’il y ait de précipitations. Ca c’est « un petit effet de foehn » !
Le grand effet de foehn, vous l’aurez compris, est accompagné de pluies du côté d’où vient le vent. Et ça change tout au phénomène !
En effet, la libération d’humidité par précipitation assèche la masse d’air. Donc elle « désaturera plus haut » sous le vent du relief, comme sur le schéma ci-dessous.
Et donc d’une part la masse d’air sous le vent du relief est plus sèche. Mais elle est aussi plus chaude (à altitude égale), pourquoi ?
Explication chiffrée
En météorologie, on observe une perte de 1°C par mètres d’élévations. Donc s’il fait 10° en vallée et que vous vous élevez de 500 mètres, il ne fera plus que 5°. Ca c’est en air « non saturé ». Dons hors nuages.
En air saturé, donc dans un nuage, la perte de température varie de 0,6° à ,8° par 100 mètres. Ca fait une grosse différence ! Et pour notre exemple nous prendrons 0,6° par 100 m en air saturé.
Donc 1° de variation hors nuage et 0,6° de variation dans un nuage pour 100m
Nous avons donc une masse d’air au pied de la montagne, à 800 m, qui est à 30° C.
Jusqu’à 1600 mètres, soit 800 m plus haut, elle a perdu 8°. Elle ne fait donc plus que 22°
De 1600 à 2000 m, l’air est saturé. Donc pour ces 400 derniers mètres, la masse d’air va se refroidir de 0,6° par 100m. Soit 2,4° au total. A 2000 m, la t° sera donc de 19,6°.
Mais l’air est plus sec une fois en haut. L’humidité laissée par la pluie au vent a définitivement quitté la masse d’air !
Donc la masse d’air sous le vent de la montagne n’est saturée que sur 200 m. Donc à 1800 m, la masse d’air s’est réchauffée de 1,2°. Il y fait donc 20,8°
Et de 1800 à 800 m, la masse d’air va perdre 1°/100m. Donc elle va prendre 10°. La température à 800 m, côté sous le vent sera donc 0,8° plus chaud.
On savait comment il devenait sec… Voilà pourquoi il devient chaud !
Les dangers du foehn
Pour un parapentiste je dirais que le danger c’est que c’est un vent imprévisible. Il peut forcir à peu près n’importe quand. Et parfois très sensiblement. Il est rafaleux, ce qui le rend turbulent.
Mais son vrai danger, c’est qu’il n’est justement pas tout le temps comme ça. Le foehn peut offrir des conditions de vol de rêve pendant des heures. Rappelez-vous son nom latin « vent doux ».
Il est donc important de connaître le comportement du foehn là où vous volez. Il y a des sites protégés, des sites où on sait que lorsque le Sud rentre à tel endroit il faut aller se poser. Et d’autres où il ne faut juste pas ouvrir l’aile.
Méfiez-vous du foehn ! Même s’il vous invite à partager quelques moments de pure bonheur.
Tramontane et mistral
Eh bien la tramontane et le mistral sont aussi des vents dont le comportement change lors de la rencontre avec un relief. Le mistral dans la vallée du Rhône et la tramontane sur les Pyrénées. Tous deux peuvent aussi être violents. Tous deux sont secs. Par contre ils sont plus froid que le foehn traditiotnel Alpin. Sauf si ce dernier vient du Nord.
Petite synthèse sur le foehn
Souffle de secteur : Sud ou Sud-Ouest. Mais dans certains cas plus rares il peut souffler du secteur Nord
Son intensité : Son intensité peut varier de 30 à plus de 100 km/h, mais ce qui e caractérise, ce sont ses fortes variations d’intensités (rafales de foehn)
Sa température : Sa température est plutôt élevée
Son degré d’humidité : Son air est sec
Comment le repérer : Visuellement grâce aux nuages orographiques. Sur le terrain par son caractère chaud et sec et surtout son irrégularité (quoiqu’il puisse parfois se montrer très sage). Et puis par les bulletins météos des Alpes qui en parlent.
Découvrez aussi :
Un article qui traite des vents en 74
Un tuto vidéo sur le foehn que j’ai réalisé il y a quelques années
Un timelaps d’un effet de foehn
Un article sur le foehn par Meteo France
Salut Laurent,
Dans les Pyrénees nous avons aussi un effet de Foehn. Lorsque l’on a du sud. L’orientation du massif favorise ce « vent doux ».
Il nous empêche parfois ou à certains endroits de voler. Mais parfois, dans la « cloche » de la brise c est très fréquentable.
J’ai vécu 22° à St Lary et la neige a Piau en février…. un foehn hivernal existe aussi.
Merci pour la qualité de tes articles.
PS : les Pyrenees c’est ….bah les Pyrenees con !
Merci Franck pour ces précisions. Je connais moins le foehn par chez toi. Mais je savais que ça existait par régime de Sud dans les Pyrénées. Par contre la tramontane (qui est aussi de chez vous) c’est le même phénomène, mais plus froid je crois ? A confirmer ?
Bonjour Laurent,
ton article est parfait, en revanche pour la photo n•1 (mont blanc) et photo n•4 (schéma mont blanc) il s’agit pour moi de lenticulaire (le fameux « âne » sur le mont blanc) principalement annonciateur de l’arrivée des dépressions d’ouest sur le massif.
dans 1 premier temps materialisé sur le mont blanc puis sur lˋaiguille verte puis prenant intégralement le massif.
la photo n•2 illustre parfaitement le foehn marqué que tu décrit avec un mur de foehn sur le dôme du goûter, le blanc et les aiguilles de chamonix. un foehn faible sur le massif créer un mur de foehn matérialisé seulement sur la frontière italienne (hellbronner)
amicalement
françois
Bonjour
Un lenticulaire sur le Mon-Blanc, ou ailleurs… Est bien un petit effet de foehn. Il ne faut pas forcément qu’il soit massif ou que le mur de foehn apparaisse pour pouvoir être appelé « foehn »
Laurent
Super article ! Par contre dans les vallées alpines (en tt cas vallée du Rhône), on dit souvent qu’à partir de 4 HPa d’écart entre Zürich et Lugano il y a déjà un bon risque de foehn. 10 à 15 comme mentionné dans l’intro, certes avec Milan et non Lugano, il faudrait être fou pour décoller. Vu que l’article vise à prévenir les parapentistes des dangers, peut-être préciser cela en intro ?
Bonjour
Merci pour ce retour.
J’ai fait une modification. C’est vrai que le gradient de pression annoncé était un peu exagéré
Laurent